Le Vermont garde jalousement ses sentiers méconnus, tissés comme des veines vertes dans le corps montagneux de cet État du nord-est américain. Entre forêts ancestrales et sommets discrets, ces chemins racontent une Amérique différente, loin des cartes postales habituelles. J’ai arpenté ces pistes pendant deux semaines au printemps dernier, découvrant un patrimoine naturel où chaque pas résonne d’une histoire aussi riche que le sol qui nous porte. Comment ce petit État a-t-il préservé tant de beauté sauvage dans l’ombre de destinations plus médiatisées?
Entre granit et forêts, l’âme du Vermont
Les sentiers de Millstone dans la forêt de Barre Town offrent une première immersion fascinante. Ici, d’anciennes carrières de granit s’ouvrent comme des blessures cicatrisées dans le paysage. L’eau turquoise qui remplit ces excavations contraste violemment avec la pierre grise et austère.
Ces bassins, témoins silencieux du labeur des carriers, racontent un Vermont industriel que peu connaissent. Les outils abandonnés et les blocs à moitié taillés créent un musée à ciel ouvert sur 438 kilomètres de sentiers, formant un chapitre oublié de l’histoire américaine.
Plus au nord, les Green Mountains révèlent une autre facette avec leurs sommets caractéristiques. Le Camel’s Hump (La Bosse du Chameau) et Mount Mansfield culminant à 1339 mètres offrent des panoramas à 360° sur un territoire préservé où l’horizon se perd entre Vermont et Canada.
La Long Trail, première légende américaine
Peu le savent, mais la Long Trail fut le premier sentier de grande randonnée des États-Unis, inauguré bien avant l’Appalachian Trail qui lui emprunta d’ailleurs une partie de son tracé. Cette piste historique traverse l’État du nord au sud sur 272 miles, reliant Massachusetts et frontière canadienne.
Les refuges rustiques qui la ponctuent, comme celui du mont Belvidere, offrent un hébergement spartiate mais authentique. Ces cabanes en rondins témoignent d’une philosophie simple: vivre avec la montagne plutôt que contre elle. Certains refuges, accessibles uniquement à pied, n’ont pas changé depuis leur construction par le Green Mountain Club dans les années 1930.
Les six disparitions mystérieuses survenues entre 1945 et 1950 près de Glastenbury Mountain ajoutent une dimension énigmatique à ces chemins. Les locaux évoquent encore à voix basse ce « triangle des Bermudes du Vermont » où randonneurs et chasseurs se sont volatilisés sans laisser de trace.
Rencontres humaines au cœur des montagnes vertes
La véritable richesse de ces sentiers réside peut-être dans la communauté qui les habite et les entretient. Les « trail angels », ces bénévoles qui maintiennent les chemins praticables, incarnent l’esprit d’entraide caractéristique de la région.
Dans les petits hameaux traversés, j’ai partagé des repas avec des habitants qui pratiquent encore le troc et l’échange de services. Cette économie parallèle, invisible aux statistiques, fait vivre un écosystème humain en harmonie avec ces espaces naturels préservés.
À Manchester, petite ville traversée par le sentier Lye Brook Falls, Jerry McPhee transforme l’érable en sirop selon des méthodes ancestrales. « Nos arbres racontent l’histoire de cette terre », me confie-t-il en me tendant un échantillon ambré de sa production. « Chaque année est différente, comme chaque randonnée que vous ferez ici. »
Conseils pratiques pour les sentiers cachés
Pour explorer ces trésors, privilégiez la période mai-septembre. L’équipement imperméable est indispensable, même en été, dans ces montagnes où le climat change rapidement. Les cartes papier restent essentielles: le réseau téléphonique est capricieux dans les vallées encaissées.
Le sentier de Lye Brook Falls, avec sa cascade de 38 mètres, offre une première approche accessible, tout comme l’Ethan Allen Trail autour du mont Mansfield. Pour les plus aguerris, les sentiers autour de Camel’s Hump présentent des défis techniques compensés par des vues imprenables.
L’hébergement alterne entre campings rustiques et charmantes auberges historiques. Le réseau Inn to Inn permet même de randonner léger, en faisant transporter ses bagages d’une étape à l’autre.
FAQ: Sentiers secrets du Vermont
Quelle est la meilleure saison pour randonner au Vermont?
De fin mai à mi-octobre. Évitez avril-début mai (saison de la boue) et privilégiez septembre-octobre pour les couleurs automnales spectaculaires sans la foule estivale.
Les sentiers du Vermont sont-ils adaptés aux débutants?
Absolument! Le réseau de sentiers offre tous les niveaux de difficulté. Les chemins autour de Manchester et Stowe sont particulièrement accessibles, tandis que certaines sections de la Long Trail exigent plus d’expérience.
Y a-t-il des animaux dangereux à surveiller?
Les ours noirs sont présents mais rarement agressifs. Stockez votre nourriture correctement et faites du bruit en marchant. Les orignaux peuvent être imprévisibles pendant la saison des amours (septembre-octobre).
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