Un long ruban de bitume, serpenté au milieu des prairies d’altitude et des forêts profondes, s’étire tel un belvédère naturel sur les sommets des Vosges. La Route des Crêtes, ce tracé militaire devenu trésor touristique, offre 88 kilomètres de panoramas vertigineux entre Cernay et Sainte-Marie-aux-Mines. Dans ce corridor suspendu entre ciel et terre, l’histoire de deux guerres mondiales se mêle à la beauté brute d’une nature préservée.
La route des soldats devenue chemin des rêveurs
Peu de voyageurs qui admirent aujourd’hui ces paysages à couper le souffle imaginent l’origine tourmentée de cette route panoramique. Construite dans l’urgence pendant la Première Guerre mondiale, elle servait initialement à déplacer troupes et matériel sur les crêtes vosgiennes. Le général Dubail, chef du groupe d’armées de l’Est, en fut l’architecte stratégique.
Cette voie militaire, conçue pour rester invisible à l’ennemi, longe principalement le versant ouest des montagnes. On y trouve encore d’anciens fortins et blockhaus, vestiges silencieux d’un passé belliqueux. Le plus émouvant reste sans doute le mémorial du Vieil Armand (Hartmannswillerkopf), théâtre de violents combats qui ont fait des milliers de victimes.
Aujourd’hui, cyclistes et motards ont remplacé les convois militaires, transformant ce qui était une nécessité tactique en un itinéraire prisé des amoureux de grands espaces.
Un voyage entre deux mondes
La Route des Crêtes offre cette sensation rare de chevaucher une frontière naturelle. D’un côté, le regard plonge vers la plaine d’Alsace et, par temps clair, jusqu’aux montagnes de la Forêt-Noire allemande. De l’autre, les douces vallées lorraines s’étendent à perte de vue.
Le point culminant de ce parcours se trouve au Grand Ballon (1343 m), sommet majestueux des Vosges. De là-haut, le panorama embrasse un territoire immense qui semble contenir plusieurs régions, plusieurs climats, plusieurs histoires en un seul regard.
Les chaumes, joyaux méconnus du massif
Parmi les trésors que révèle la route, les chaumes vosgiennes comptent parmi les plus précieux. Ces vastes prairies d’altitude, entretenues depuis des siècles par les troupeaux en transhumance, créent des paysages ouverts d’une rare beauté. Au printemps et en été, elles se parent de fleurs sauvages et d’herbes folles dansant sous la brise.
La transhumance traditionnelle s’y pratique encore, perpétuant un mode de vie pastoral qui remonte à plusieurs siècles. Les fermes-auberges qui jalonnent le parcours permettent de déguster les produits issus de ce terroir d’altitude : munster fermier, tourte, roïgabrageldi (pommes de terre cuisinées à l’ancienne).
Conseils pour un voyage mémorable
La meilleure période pour découvrir la Route des Crêtes s’étend de mai à octobre. En dehors de cette période, la neige peut rendre certains tronçons impraticables. Les mois de juin et septembre offrent un équilibre parfait : nature éclatante et affluence modérée.
Pour les amateurs de randonnée, de nombreux sentiers balisés partent de la route, dont le célèbre GR5. Prévoyez des vêtements adaptés : même en été, les températures peuvent chuter rapidement en altitude.
Les photographes privilégieront les heures dorées du matin et du soir, quand la lumière rasante sublime les reliefs et que la brume s’accroche aux vallées. Le Lac Blanc offre des reflets saisissants des sommets environnants.
FAQ sur la Route des Crêtes
La route est-elle accessible toute l’année ?
Non, la Route des Crêtes est généralement fermée de décembre à mars en raison de l’enneigement. Des fermetures ponctuelles peuvent survenir en cas d’intempéries même hors saison hivernale.
Existe-t-il des alternatives à la voiture pour découvrir la route ?
Oui, la Navette des Crêtes circule en juillet et août, ainsi que les week-ends de juin et septembre. Elle permet de profiter du parcours sans voiture et de réaliser des randonnées en boucle.
Quelles sont les spécialités culinaires à goûter en chemin ?
Ne manquez pas le repas marcaire traditionnel dans les fermes-auberges : potage, tourte, roïgabrageldi (pommes de terre), munster fermier et siaskas (fromage blanc au kirsch).
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