Entre pics rocheux et lacs d’altitude, un site d’art rupestre exceptionnel sommeille depuis des millénaires. La Vallée des Merveilles dévoile ses secrets à ceux qui osent s’aventurer dans cet amphithéâtre naturel du Mercantour. Plus de 40 000 gravures préhistoriques parsèment ses dalles de schiste, témoins silencieux d’une humanité qui, il y a 5 000 ans, choisit ce lieu pour communiquer avec les forces cosmiques. Mais que racontent ces mystérieux symboles gravés dans la pierre, à 2 000 mètres d’altitude ?
Un livre d’histoire à ciel ouvert
La découverte officielle de ces gravures remonte à 1881, lorsque l’Anglais Clarence Bicknell les étudia méthodiquement. Pourtant, les habitants de la région connaissaient déjà ce lieu qu’ils nommaient « Vallée de l’Enfer », y voyant l’œuvre du diable. Le docteur François-Emmanuel Fodéré en fit mention dès 1801, mais son témoignage resta confidentiel.
Ce sanctuaire préhistorique, façonné par les glaciers il y a 10 000 ans, porte les marques d’une activité rituelle intense. Les roches polies, appelées « ciappes », ont servi de toile aux hommes de l’âge du Bronze. Ils y ont représenté des poignards, des bovidés et d’étranges figures anthropomorphes qui continuent d’intriguer les archéologues.
Les recherches de l’archéologue Henry de Lumley suggèrent que ces gravures étaient liées à des rites pastoraux. Les bergers de l’époque venaient peut-être ici lors de cérémonies d’initiation, gravant leurs prières aux divinités du ciel et de la terre.
Une expérience sensorielle unique
Visiter la Vallée des Merveilles, c’est entreprendre un voyage initiatique. Le site n’est accessible que quelques mois par an, de juin à septembre, lorsque la neige libère les sentiers. Ce relatif isolement préserve la magie des lieux et offre une rencontre privilégiée avec l’histoire.
La randonnée depuis le lac des Mesches vous conduit à travers des paysages grandioses. L’ascension progressive dévoile prairies alpines, mélèzes centenaires et, enfin, l’austère décor minéral où se nichent les gravures. Le contraste est saisissant entre la rudesse des éléments et la finesse de certains dessins.
À proximité, ce canyon de 32 km où 36 000 ans d’art préhistorique côtoient une arche naturelle offre une autre perspective sur l’art rupestre, dans un contexte géologique différent mais tout aussi fascinant.
Explorer avec respect
L’accès aux zones de gravures est strictement réglementé. Un guide agréé vous permettra de décrypter ces symboles mystérieux tout en respectant leur fragilité. Le 31 mai 2025, le Festival de l’Écotourisme à Castérino proposera d’ailleurs des ateliers pour comprendre ce patrimoine exceptionnel.
Pour les plus contemplatifs, la randonnée itinérante du 29 juin au 5 juillet 2025 offre une immersion complète. Sept jours à parcourir ces paysages austères, en passant par les refuges des Merveilles, de Nice et de Valmasque.
L’environnement naturel de la vallée mérite également toute votre attention. Chamois, marmottes et bouquetins peuplent ces hauteurs, tandis que les amateurs de flore alpine découvriront edelweiss et gentianes. Plus loin dans la région, ces cascades des Alpes-de-Haute-Provence où 27 espèces alpines cohabitent complètent parfaitement cette exploration de la biodiversité montagnarde.
Informations pratiques
Pour une expérience optimale, prévoyez au moins deux jours. Une nuit au Refuge des Merveilles (réservation obligatoire) vous permettra d’apprécier la magie des lieux au lever du soleil, lorsque la lumière rasante révèle les gravures avec plus de netteté.
L’équipement de montagne est indispensable, même en été : bonnes chaussures, vêtements chauds, protection solaire. Le temps change rapidement à cette altitude et les orages peuvent être violents.
À moins d’une heure de route, ce village du Var à 1097 m d’altitude où 214 habitants vivent depuis 900 ans constitue une étape culturelle complémentaire pour comprendre l’histoire du peuplement dans ces montagnes.
FAQ : Tout savoir sur la Vallée des Merveilles
Quand est la meilleure période pour visiter la Vallée des Merveilles ?
De mi-juin à fin septembre, lorsque les sentiers sont dégagés de neige. Les journées de juillet-août offrent les conditions optimales, mais aussi la plus forte affluence.
Les visites guidées sont-elles obligatoires ?
Elles sont obligatoires pour accéder aux zones de concentration des gravures. Ces guides agréés vous garantissent une découverte respectueuse et enrichissante du site.
Peut-on photographier les gravures rupestres ?
Oui, la photographie est autorisée, mais sans flash ni trépied susceptible d’endommager les roches. Respectez les consignes des guides concernant les zones accessibles.