Salvador de Bahia porte en elle tous les contrastes d’un Brésil qui s’est construit à la croisée des cultures. Première capitale coloniale du pays, cette ville singulière déploie ses façades colorées sur les hauteurs d’une falaise surplombant l’immense baie de Tous les Saints. Ici, 4 millions d’habitants perpétuent un héritage afro-brésilien d’une richesse incomparable, où la douleur de l’histoire esclavagiste s’est transformée en une explosion de créativité culturelle. Comment cette métropole tropicale est-elle devenue le cœur battant de l’identité noire brésilienne ?
L’âme coloniale et afro-brésilienne : un héritage en couleurs
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1985, le Pelourinho constitue le cœur historique de Salvador. Ses ruelles pavées serpentent entre des façades pastel ornées de stucs et de ferronneries délicates. L’ironie de l’histoire veut que ce quartier enchanteur tire son nom du pilori où l’on châtiait autrefois les esclaves.
Au sommet des 70 mètres de falaise, l’emblématique Elevador Lacerda relie depuis 1873 la ville haute à la ville basse en quelques secondes. Premier ascenseur urbain public au monde, cette prouesse technique offre une vue spectaculaire sur la baie et constitue un symbole de l’ingéniosité brésilienne.
L’église São Francisco éblouit par ses 55 000 azulejos portugais et son intérieur entièrement recouvert d’or. Cette splendeur baroque cache une résistance : les artisans africains y ont discrètement intégré des symboles de leurs croyances ancestrales sous couvert d’iconographie catholique, créant un syncrétisme unique au monde.
Quand les rythmes africains rencontrent la ferveur brésilienne
Plus africaine que toutes les villes hors d’Afrique, Salvador vibre au rythme d’une culture issue de la résistance. La capoeira, jadis pratiquée secrètement par les esclaves sous forme d’art martial déguisé en danse, s’expose aujourd’hui fièrement dans les places publiques.
Le candomblé, religion syncrétique née de la rencontre entre croyances africaines et catholicisme, rythme toujours la vie spirituelle bahianaise. Sur les marches de l’église du Bonfim, le rituel de la « lavagem » voit des fidèles nettoyer les escaliers d’eau parfumée, perpétuant des traditions vieilles de plusieurs siècles.
Sur les étals du Mercado Modelo, ancien entrepôt d’esclaves reconverti en marché artisanal, les couleurs explosent entre colliers de perles, statuettes d’orixás et tissus imprimés. Ce lieu chargé d’histoire abrite dans ses sous-sols des vestiges qui témoignent d’un passé douloureux, comme dans certains sites historiques du Mexique où patrimoine précolombien et colonial se superposent.
Saveurs et expériences : Salvador avec tous les sens
La gastronomie bahianaise reflète parfaitement le métissage culturel. L’acarajé, beignet de haricots frit dans l’huile de palme et garni de vatapá (pâte de crevettes épicée), est vendu dans les rues par les « baianas » en tenues traditionnelles blanches impressionnantes.
Le Farol da Barra, plus ancien phare du Brésil (1698), offre non seulement une vue imprenable sur l’océan mais aussi un musée nautique fascinant. À ses pieds, la plage de Porto da Barra attire les locaux pour des matchs improvisés de football ou simplement pour admirer le coucher de soleil.
Salvador partage avec Yogyakarta en Indonésie cette capacité à maintenir vivantes des traditions séculaires tout en embrassant la modernité. Le carnaval de Salvador, moins connu internationalement que celui de Rio mais tout aussi spectaculaire, attire chaque année plus de 2 millions de personnes dans une explosion de musique et de danse.
Conseils pratiques pour apprivoiser la ville
Privilégiez un hébergement dans les quartiers de Barra ou Rio Vermelho pour allier sécurité et proximité des sites d’intérêt. Les petites pousadas du centre historique offrent une immersion plus authentique mais avec un confort parfois inégal.
Les déplacements s’effectuent facilement en bus ou en taxi. L’application Uber fonctionne parfaitement à Salvador et constitue une alternative économique aux taxis traditionnels.
La meilleure période pour visiter s’étend de septembre à mars, pendant la saison sèche. Si vous aimez les festivités, envisagez février pour vivre le carnaval, bien que les prix grimpent considérablement à cette période, phénomène qu’on retrouve dans de nombreuses destinations touristiques saisonnières.
FAQ : Tout savoir sur Salvador de Bahia
Quelle est la meilleure saison pour visiter Salvador ?
La saison sèche, de septembre à mars, offre les conditions les plus agréables. Évitez la saison des pluies (avril-août) qui peut limiter certaines activités. Le carnaval (février-mars) est spectaculaire mais très fréquenté.
Salvador est-elle une ville sûre pour les touristes ?
Comme dans toute grande ville brésilienne, certaines précautions s’imposent. Restez dans les zones touristiques, évitez les quartiers périphériques, ne transportez pas d’objets de valeur et privilégiez les taxis ou Uber pour vos déplacements nocturnes.
Quelle spécialité culinaire faut-il absolument goûter ?
L’acarajé est incontournable, tout comme la moqueca (ragoût de poissons ou fruits de mer au lait de coco et à l’huile de palme). Pour les plus aventureux, essayez le vatapá ou le caruru, des préparations épicées aux racines africaines.