Respirez profondément : ces pays où l’air est le plus toxique en Europe…

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La pollution de l’air représente un défi majeur pour la santé publique en Europe.

Alors que les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont récemment été mises à jour, abaissant les seuils recommandés pour les concentrations annuelles de dioxyde d’azote et de particules fines telles que la poussière, la fumée et la suie des échappements, le continent européen continue de faire face à des disparités notables entre ses régions.

Les récentes recommandations de l’OMS

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En 2021, l’OMS a révisé ses lignes directrices sur la qualité de l’air, en réponse aux nouvelles connaissances scientifiques concernant les effets de la pollution atmosphérique sur la santé humaine. Les nouveaux seuils recommandés sont désormais plus stricts, visant à réduire davantage l’exposition aux particules fines (PM2.5) et au dioxyde d’azote (NO2). L’objectif principal est de diminuer les risques sanitaires associés à ces polluants, qui incluent les maladies respiratoires, cardiovasculaires et divers cancers.

Selon Mark Nieuwenhuijsen, directeur de l’initiative urbanisme, environnement et santé de l’Institut de santé globale de Barcelone, cette mise à jour constitue l’une des interventions de santé publique les plus significatives de notre génération. En effet, elle reflète une compréhension plus approfondie des impacts de la pollution de l’air, laquelle affecte la santé humaine même à des niveaux plus bas que ceux précédemment reconnus.

Une menace invisible mais meurtrière

En 2021, la pollution de l’air a contribué à environ 239 000 décès prématurés en Europe.

Cependant, toutes les régions du continent ne sont pas affectées de manière égale. Cette menace pour la santé publique est particulièrement liée à des particules fines comme le PM2.5, issues de la poussière, de la fumée ou encore des émissions de véhicules.

Ces particules sont associées à divers problèmes de santé tels que le cancer du poumon, les maladies cardiaques, les troubles respiratoires, les accidents vasculaires cérébraux, et même des complications lors des naissances.

Les personnes âgées, notamment celles de plus de 65 ans, sont particulièrement vulnérables, représentant environ 4 % des décès liés à ces causes.

Des normes plus strictes pour une meilleure qualité de l’air

En 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis à jour ses directives concernant la qualité de l’air, abaissant les seuils recommandés pour les concentrations annuelles de dioxyde d’azote (NO2) et de particules fines.

En décembre 2023, l’Union européenne a introduit des règles plus strictes visant à aligner ses normes sur celles de l’OMS d’ici 2030.

Ces nouvelles directives obligent les États membres à surveiller des polluants tels que le PM2.5, le carbone noir et l’ammoniac. Selon Mark Nieuwenhuijsen, directeur de l’initiative sur la santé urbaine de l’Institut de santé globale de Barcelone, ces mesures représentent « l’une des plus grandes interventions de santé publique de notre génération ».

Les régions les plus touchées par la pollution

En dépit de ces efforts, toutes les nations de l’Union européenne signalent encore des niveaux de NO2 supérieurs aux recommandations de l’OMS.

Cependant, certaines zones souffrent plus que d’autres. La Macédoine du Nord, la Serbie, la Bulgarie, l’Albanie et le Monténégro enregistrent des taux de mortalité liés à la pollution parmi les plus élevés.

Une étude a révélé que le niveau de vie et le produit intérieur brut (PIB) sont fortement corrélés aux niveaux de pollution, soulignant une fracture Est-Ouest en Europe.

En Europe du Nord, en Italie, en Pologne et en République tchèque, les particules fines sont principalement issues de la combustion de charbon pour le chauffage résidentiel et des activités agricoles. À l’inverse, dans les grandes capitales d’Europe de l’Ouest et du Sud, le dioxyde d’azote provient essentiellement du trafic automobile et de l’industrie.

Certains pays ont déjà pris des initiatives significatives pour réduire leurs niveaux de pollution. Par exemple, le Danemark envisage de devenir le premier pays à imposer une taxe carbone sur l’élevage d’ici 2030. De plus, les nouvelles directives de l’UE permettent désormais aux citoyens souffrant de problèmes de santé liés à la pollution d’intenter des actions en justice contre leurs gouvernements.

Bien que les politiques environnementales actuelles visent à réduire les décès liés à la pollution de 55 % d’ici 2030, les scientifiques reconnaissent que ses impacts sur la santé sont ressentis même à de faibles niveaux d’exposition. La pollution de l’air, combinée à d’autres facteurs tels que le manque d’espaces verts, le bruit ou les vagues de chaleur extrême, aggrave les risques pour la santé publique.

« Nous savons comment réduire la pollution de l’air, et de nombreux pays montrent l’exemple », explique Zorana Jovanovic Andersen, professeur en épidémiologie environnementale. « Mais nous devons rester vigilants face aux nouveaux défis, car la pollution reste un problème persistant ».

Le contraste Est-Ouest en Europe

L’Europe présente un contraste marquant entre ses régions orientales et occidentales en termes de pollution atmosphérique et de conditions socio-économiques. Zorana Jovanovic Andersen, professeur d’épidémiologie environnementale à l’université de Copenhague, souligne que ce fossé correspond largement aux différences de produit intérieur brut (PIB) et de contextes socio-économiques entre ces deux zones.

Dans certaines régions comme le nord de l’Italie, la Pologne et la République tchèque, les taux de mortalité liés aux PM2.5 sont particulièrement élevés.

Ces taux sont principalement attribués à des sources résidentielles, telles que la combustion du charbon pour chauffer les habitations, ainsi qu’au secteur agricole. Ce phénomène complexifie la lutte contre la pollution, car il implique des changements socio-économiques importants et des initiatives politiques déterminées.

Stratégies régionales pour lutter contre la pollution

Pour contrer la pollution de l’air, différentes stratégies doivent être mises en œuvre selon les spécificités régionales. Par exemple :

  • Réduction de la dépendance au charbon : Promouvoir des alternatives énergétiques propres dans les pays fortement dépendants du charbon peut aider à diminuer les niveaux de pollution.
  • Politiques agricoles durables : Encourager l’utilisation de pratiques agricoles moins polluantes pour réduire l’empreinte carbone du secteur agro-alimentaire.
  • Amélioration des transports : Investir dans des infrastructures de transport public performantes et écologiques contribue à diminuer les émissions provenant des véhicules particuliers.

Les défis contemporains et les initiatives européennes

Malgré les efforts entrepris, l’Union européenne doit encore relever plusieurs défis pour atteindre ses objectifs de réduction de la mortalité liée aux PM2.5 de 55 % d’ici 2030. Le rapport de l’OCDE et de la Commission européenne met en lumière les facteurs de risque environnementaux persistants, tels que la pollution de l’air et le changement climatique, qui continuent de menacer la santé publique.

Zorana Jovanovic Andersen argue que la complexité de certains défis, comme le changement climatique, rend d’autant plus impératif de limiter la pollution de l’air sous toutes ses formes. Il est crucial de mettre en place des mesures cohérentes et rigoureuses pour protéger la population et améliorer la qualité de vie en général.

Initiatives exemplaires et progrès

Certaines initiatives nationales et locales ont déjà montré des résultats prometteurs dans la réduction de la pollution de l’air. Quelques exemples incluent :

  • Paris Zone à faibles émissions : Mise en place de restrictions de circulation pour les véhicules les plus polluants afin de diminuer la pollution urbaine.
  • Projets verts en Allemagne : Développement de parcs éoliens et de panneaux solaires pour augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique.
  • Campagnes de sensibilisation : Programmes éducatifs pour informer le public sur les bonnes pratiques visant à réduire leur empreinte écologique.

L’avenir de la santé publique face à la pollution

Alors que la science avance et que notre compréhension des impacts sanitaires de la pollution s’approfondit, il apparaît clair que la lutte contre la pollution de l’air doit rester une priorité pour les décideurs européens. La collaboration internationale, combinée à des actions concrètes au niveau local, est essentielle pour créer un avenir où chaque citoyen pourra respirer un air plus pur et vivre en meilleure santé.

Chacun, que ce soit au niveau individuel, communautaire ou national, peut contribuer activement à la diminution de la pollution de l’air. Avec une prise de conscience collective et des politiques adaptées, il est possible de transformer les environnements urbains et ruraux en espaces plus sains et durables.

Isaiah Graves

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